Goodwill : définition, calcul, exemple

Dans le monde des fusions-acquisitions, le goodwill est un concept clé que tout dirigeant ou investisseur se doit de maîtriser. Cette notion comptable, souvent méconnue, joue pourtant un rôle crucial dans la valorisation des entreprises et peut avoir des implications financières majeures. Nous vous proposons d’explorer en détail ce qu’est le goodwill, comment le calculer et quels sont ses enjeux pour les sociétés.

En bref

Le goodwill, ou écart d’acquisition, représente la différence entre le prix payé pour acquérir une entreprise et sa valeur comptable nette. Il reflète les actifs immatériels comme la réputation ou le savoir-faire. Son calcul varie selon les normes comptables (IFRS ou françaises) et son traitement a un impact significatif sur les états financiers des sociétés.

Qu’est-ce que la survaleur en comptabilité ?

Le goodwill, terme anglais que nous pouvons traduire par « survaleur » ou « écart d’acquisition » en français, est un concept comptable fondamental dans le cadre des fusions et acquisitions d’entreprises. Il représente la différence positive entre le prix d’achat d’une société et la juste valeur de ses actifs nets identifiables.

Concrètement, lorsqu’une entreprise en acquiert une autre, elle paie généralement un prix supérieur à la simple valeur comptable de la société cible. Cette prime reflète la valeur des éléments immatériels qui ne figurent pas au bilan, tels que la réputation, la clientèle fidélisée, ou encore le savoir-faire unique de l’entreprise acquise.

L’importance du goodwill dans les opérations de fusion-acquisition est considérable. Il permet de justifier le prix payé pour une acquisition et reflète les synergies et avantages stratégiques attendus de l’opération. Pour les investisseurs et analystes financiers, le goodwill est un indicateur précieux de la valeur créée ou détruite lors d’une transaction.

Voir aussi :  REX : définition et quelle utilité pour une valorisation

Composantes de l’écart d’acquisition

Le goodwill est constitué de plusieurs éléments immatériels qui contribuent à la valeur globale d’une entreprise au-delà de ses actifs tangibles. Voici les principales composantes de l’écart d’acquisition :

  • Réputation et image de marque : La notoriété et la perception positive de l’entreprise sur le marché
  • Clientèle fidélisée : La base de clients existante et les relations commerciales établies
  • Savoir-faire et expertise : Les compétences uniques et l’expérience accumulée par l’entreprise
  • Propriété intellectuelle non brevetée : Les processus, méthodes et secrets commerciaux
  • Capital humain : La valeur apportée par les employés et leur expertise
  • Synergies attendues : Les avantages anticipés de la fusion ou de l’acquisition
  • Position sur le marché : Les parts de marché et l’avantage concurrentiel
  • Potentiel de croissance : Les perspectives de développement futur de l’entreprise

Ces éléments, bien qu’ils ne soient pas quantifiables individuellement dans le bilan comptable, contribuent significativement à la valeur globale de l’entreprise et justifient le prix payé lors d’une acquisition.

Méthode de calcul du goodwill

Le calcul du goodwill peut sembler simple en théorie, mais il peut s’avérer complexe en pratique, notamment en raison des différences entre les normes comptables internationales (IFRS) et françaises. Voici la formule de base pour calculer le goodwill :

Goodwill = Prix d’acquisition – Juste valeur des actifs nets identifiables

Cependant, les méthodes de calcul diffèrent selon les normes comptables appliquées. Voici un tableau comparatif des approches IFRS et françaises :

AspectNormes IFRSNormes françaises
Méthode de calculGoodwill complet (full goodwill)Goodwill partiel
Traitement des intérêts minoritairesInclus dans le calculNon inclus dans le calcul
Réévaluation des actifsObligatoire à la juste valeurOptionnelle
Frais d’acquisitionComptabilisés en chargesInclus dans le coût d’acquisition

Ces différences peuvent avoir un impact significatif sur la valeur du goodwill comptabilisé et, par conséquent, sur les états financiers de l’entreprise acquéreuse.

Voir aussi :  Comment valoriser une entreprise ?

Illustration par un cas concret

Pour mieux comprendre le calcul du goodwill, prenons l’exemple fictif de l’acquisition de la société TechInno par le groupe IndustriePro. Voici les données de l’opération :

  • Prix d’acquisition de TechInno : 10 millions d’euros
  • Valeur comptable des actifs de TechInno : 6 millions d’euros
  • Juste valeur des actifs identifiables après réévaluation : 7 millions d’euros
  • Passifs de TechInno : 2 millions d’euros

Calculons maintenant le goodwill selon les normes IFRS :

1. Juste valeur des actifs nets identifiables = 7 millions € – 2 millions € = 5 millions €

2. Goodwill = Prix d’acquisition – Juste valeur des actifs nets identifiables

3. Goodwill = 10 millions € – 5 millions € = 5 millions €

Dans cet exemple, le goodwill s’élève à 5 millions d’euros, ce qui représente la prime payée par IndustriePro pour acquérir TechInno au-delà de la valeur de ses actifs nets identifiables. Cette survaleur peut être justifiée par des facteurs tels que la technologie innovante de TechInno, sa position sur le marché ou les synergies attendues de l’acquisition.

Traitement comptable de l’écart d’acquisition

Une fois calculé, le goodwill doit être correctement enregistré dans les comptes de l’entreprise acquéreuse. Son traitement comptable diffère selon les normes appliquées :

Selon les normes IFRS :

  • Le goodwill est inscrit à l’actif du bilan en tant qu’immobilisation incorporelle
  • Il n’est pas amorti mais fait l’objet d’un test de dépréciation annuel
  • En cas de perte de valeur, une dépréciation est comptabilisée et est irréversible

Selon les normes françaises :

  • Le goodwill est également inscrit à l’actif du bilan
  • Il peut être amorti sur une durée reflétant les hypothèses et objectifs retenus lors de l’acquisition
  • Un test de dépréciation est effectué en cas d’indice de perte de valeur

Le choix entre ces deux approches a des implications significatives sur les résultats futurs de l’entreprise. L’amortissement systématique du goodwill selon les normes françaises peut réduire les bénéfices de manière régulière, tandis que l’approche IFRS peut entraîner des dépréciations importantes et imprévisibles.

Voir aussi :  Qu'est-ce qu'une décote d'illiquidité ?

Enjeux et implications pour les entreprises

Le traitement du goodwill a des répercussions majeures sur les états financiers et la valorisation des sociétés. Voici les principaux enjeux à considérer :

Impact sur le bilan : Un goodwill élevé peut gonfler artificiellement la valeur des actifs de l’entreprise. Cela peut être perçu positivement comme un signe de croissance externe réussie, mais aussi négativement comme un risque de dépréciation future.

Effet sur le compte de résultat : Selon la méthode de traitement choisie (amortissement ou tests de dépréciation), le goodwill peut affecter significativement les bénéfices de l’entreprise. Des dépréciations importantes peuvent survenir en période de crise, aggravant les pertes.

Implications stratégiques : La gestion du goodwill influence les décisions d’acquisition et de cession. Une entreprise ayant un goodwill élevé peut être réticente à céder des activités pour éviter de constater des pertes.

Enjeux de communication financière : Les entreprises doivent expliquer et justifier la valeur de leur goodwill auprès des investisseurs et analystes. Une gestion transparente du goodwill renforce la confiance des parties prenantes.

Questions fréquentes sur la survaleur

Le goodwill peut-il être négatif ?

Oui, on parle alors de « badwill ». Cela se produit lorsque le prix d’acquisition est inférieur à la juste valeur des actifs nets identifiables. Cette situation est rare et peut indiquer une bonne affaire pour l’acquéreur ou des problèmes non identifiés dans l’entreprise acquise.

Comment justifier un goodwill élevé ?

Un goodwill élevé peut être justifié par des synergies attendues, une position de marché dominante, des technologies uniques ou un potentiel de croissance important. L’entreprise doit être en mesure d’expliquer clairement les facteurs qui soutiennent cette valeur.

Quelle est la différence entre le goodwill et les autres actifs incorporels ?

Contrairement aux autres actifs incorporels comme les brevets ou les marques, le goodwill n’est pas identifiable séparément et ne peut être vendu ou transféré indépendamment de l’entreprise. Il représente la valeur résiduelle après identification de tous les autres actifs.

Le goodwill affecte-t-il la fiscalité de l’entreprise ?

Le traitement fiscal du goodwill varie selon les juridictions. Dans certains pays, l’amortissement du goodwill peut être déductible fiscalement, tandis que dans d’autres, comme en France, il n’a pas d’impact fiscal direct. Il est crucial de consulter un expert-comptable pour comprendre les implications fiscales spécifiques.

N'hésitez pas à faire appel à nos services